Berlin Heart est un projet de Post-Progressif crée par Vincent Blanot en 2018. Loin de se borner à singer les classiques du genre, on retrouve ici des sonorités mélangeant allègrement l’électronique, post-rock et orchestrales pour un rendu unique et singulier.
Leur premier LP Mute ln The Sea est sorti à l’automne 2020 était un album plutôt anxiogène et à la verticalité certaine. Il y avait pas mal de thématiques subtiles et des textes plus profonds qu’il n’y paraissait.
The Low Summit comment directement son ascension musicale avec un titre dénommé The Poringland Oak et qui, à mon avis, semble tout autant s’inspirer de la peinture de John Crome du même nom que des artworks sublimes de Michael Handt. On retrouve une ambiance plus bucolique et laissant présager quelques panoramas musicaux fort intéressant du haut de sa minute 22.
Still Life lance les hostilités avec une ambiance très post-rock mais en s’affranchissant du superflu en limitant sa durée à 4 minutes mais sans pour autant oublier d’être impactant.
Le titre est vraiment bon avec tout ce qu’il faut d’intensité et de montée en puissance pour terminer sur une touche plus posée. La transition est donc toute trouvée avec l’instrumental Apical Bud qui commence doucement folk pour mieux brouiller les cartes et ne demander qu’à éclore dans un final tout en retenue.
Se basant très clairement sur les paysages romantiques du XIXème comme on a pu le voir avec le premier titre et le sens plus ou moins caché des textes, on repère une emphase sur le cycle des saisons sur lesdits paysages et sur leurs biomes.
Il est question ici d’attente et temps passé comme on peut le comprendre sur She Dreamed Of A Pale Light qui se sublime grâce à la combinaison du violoncelle et du violon et au piano.
Berlin Heart – The Low Summit
La vie est donc un éternel recommencement et la fin, de fait, est inévitable. On avance ainsi dans une ambiance plus sombre avec une nuit qui n’en finit pas et l’obscurité qui devient notre seule amie dans Crystal Morning. Pourtant le titre se démarque avec un saxophone magistral qui sublime l’ensemble et apporte malgré tout une touche jazzy du plus bel effet.
The Innocent semble répondre par écho aux précédents titres instrumentaux pour mieux nous préparer à Lost House. On y retrouve une notion d’isolation voir de gestion d’un douleur impossible à partager. Le titre est assez linéaire dans sa structure même s’il ne peut être considéré comme simpliste. Le final est magistral avec pertes et fracas mis en exergue par la guitare et le saxophone qui se répondent.
Dead Leaves nous propose ensuite un autre cycle de vie et de mort avec des questionnements sur la réelle utilité de naitre et renaitre si c’est pour toujours mourir ensuite. Musicalement on est dans le feutré et l’acoustique ce qui scie parfaitement à l’ambiance et aux paroles.
On arrive ensuite au gros morceau de ce The Low Summit avec le titre éponyme et sa patte Post-Prog du plus bel effet. Du long de ces 15 minutes, on est trimballé sur de nombreux paysages qu’ils soient musicaux mais également artistiques avec de sublimes paysages que l’on peut aisément s’imaginer à l’écoute du titre.
Musicalement, c’est vraiment excellent avec de superbes mélodies enivrantes et des mélopées orchestrales du plus bel effet. La thématique est plus positive ici avec un voyage à mener et des obstacles à surmonter.
C’est très certainement le point culminant de cet album me concernant, une montagne sonore à gravir pour mieux se rendre compte d’où l’on vient et de ce que l’on a du faire pour finalement avancer.
On raconte que le plus important dans un voyage, c’est la destination.
Ce qui compte ici, ce sont les paysages, les étapes et la beauté qu’ils dégagent.
Solar nous extirpe de l’exaltation passée avec un titre plus posé et consensuel et qui reprend une structure très post-rock avec une poussée graduelle vers la guitare et une percée des nuages dans le ciel musical de ce The Low Summit.
Il sera une nouvelle fois question de cercle ou de boucle avec Mousehold Heath, la conclusion instrumentale de ce brillant The Low Summit. Faisant écho à The Poringland Oak, il nous renvoie vers une zone boisée du nord de Norwich magistralement mise en peinture par John Crome et forme ainsi la fin de notre voyage plus ou moins balisé dans sa narration.
Voilà donc un voyage enrichissant que ce soit musicalement avec d’excellents musiciens et une qualité de composition certaine mais aussi dans sa narration cryptique sans véritable progression linéaire comme c’est souvent le cas pour ce genre d’album Post-Prog.
Thématiquement c’est excellent avec un vrai travail structurel et des compositions aériennes jouant, elles aussi, sur cette notion de paysages romantiques. Même si l’on pas va aller chercher aussi loin dans une écoute plus lascive qu’active, on appréciera fortement tout le travail fourni surThe Low Summit.
Cet album est une expérience à vivre en intégralité, de ce majestueux chêne jusqu’à cette plaine sauvage près de Norwich. On y pérégrine au travers de sublimes endroits boisés le long de saisons immuables et imperturbables.
Le choix de la période romantique est bien mis en avant avec une belle utilisation du violon, piano et du violoncelle et elle renforce très grandement ce sentiment de quiétude et me fait penser à de la musique à programme symphonique voire descriptive.
Je vous invite de mon côté à découvrir par vous-même ce périple ô combien enthousiasmant tout en attendant avec impatience la dernière vidéo d’animation dédié à She Dreamed of a Pale Light à venir!
Écoute intégrale et achat:
Le Linktree de l’album est disponible ici-même.