Offthesky

Critique : Offthesky – The Serpent Phase

Offthesky est un artiste de musique expérimentale dénommé Jason Corder, originaire de Denver au Colorado. Il est plutôt du genre prolifique avec pas moins de 50 sorties en son nom ou en collaboration depuis ces 15 dernières années. Après maintenant 5 ans de gestation, The Serpent Phase, son dernier effort en LP vient tout juste de sortir chez Halifax, un excellent label indépendant. L’occasion pour moi de me repencher un peu vers le Néo-classique grâce aux très bon conseils de Bandcamp en la matière qui m’a conseillé d’écouter cet artiste que je ne connaissais pas du tout à mon grand regret!

Offthesky – The Serpent Phase

Offthesky n’est pas vraiment un nom très connu sauf pour de trop rares initiés et c’est à reculons que je me suis dirigé sur le Bandcamp de son label Halifax pour y découvrir sa musique. Il faut dire que j’écoute beaucoup de choses très différentes en ce moment avec comme exemple le dernier album de Riverside, l’OST de Volume et le dernier album de Figure. Après quelques écoutes attentives, je me suis rendu compte que je ratais la grande partie des qualités de l’album en l’écoutant via le player et je me suis empressé de me délester de 7.5€ afin de le découvrir en ALAC (équivalent du FLAC mais pour Mac) et ainsi l’écoute à son plein potentiel.

Offthesky présente The Serpent Phase comme ceci: Initially conceived with the aim to create a series of piano sketches exploring mobile recording techniques, ‘the serpent phase’ takes in recordings made in Chicago, Switzerland, England, Canada, Colorado, and Kentucky. These initial recordings were then added to with other instrumentation including vibraphone, guitar, a synth, drum kit, vocals and textural field recordings. Après de très nombreuses écoutes, je dois bien avouer que je suis impressionné par la qualité du travail fourni, cet album ne ressemble pas du tout à des essais d’enregistrements mais bel et bien à une structure évoluée, vivante et mouvante. Sans laisser trop d’indices sur son sens réel mis à part les noms des titres, on se surprend à se créer soi-même sa propre interprétation de ce subtil voyage en apesanteur.

Tout au long de ce périple, on peut y déceler de la joie, de la tristesse, une recherche presque mystique d’un climax ou d’un point d’orgue musical qui arrive finalement sans crier gare et qui ne nous lache plus une fois tombé sous son emprise. Grâce à de longues plages de synthétiseur, on oscille doucement entre des cieux tourmentés mais jamais menaçants sur le début de l’album. Si les amateurs de néo-classique peuvent s’y retrouver, on notera que certains passages me font drôlement penser à du drone inspiré et percutant comme il se doit. La recherche d’harmonie est palpable avec de subtils mélanges d’instruments qui pourtant ne s’imposent jamais les uns avec les autres. De temps en temps des voix font leur apparitions pour mieux nous berner et nous amener vers de faux anges comme sur le sublime Mountain Devil Angels Sing.

Le piano a une place prépondérante sur la seconde moitié de l’album avec malgré tout une certaine pudeur qui rend l’ensemble plus poignant et puissant qu’escompté. Sans trop tirer sur la ‘corde sensible‘ des cordes et du piano, Offthesky réussit son coup avec de belles longueurs minimalistes tout simplement superbes à écouter dans de bonnes conditions. Forcément, ce n’est pas un album à écouter dans n’importe quel contexte ni à n’importe quel moment de la journée, préférez le soir avec une luminosité faible mais pas nulle. C’est un album qu’il faut écouter d’un bout à l’autre d’un trait tant est si bien que ce soit possible car il constitue un ensemble cohérent et la déconnexion de l’ensemble, ne serait ce que momentanée, n’offre pas de seconde chance.

Soyons honnête, cet album n’est pas aisé à appréhender ni même à apprécier à sa juste valeur. Je peux tout à fait comprendre qu’il puisse être considéré comme une vaste fumisterie ou comme une expérience chiante et morne. Ce serait pourtant dommage de passer à côté de l’essentiel de ce que veux faire ressentir Offthesky avec sa musique et sur The Serpent Phase tout particulièrement. On est libre d’interpréter les titres et les ambiances à notre convenance, c’est à nous de muer et de nous extirper un peu de ce qui nous gêne ou qui nous fait du bien dans la vie avec sa musique.

Sans trop laisser de fil directeur, il nous aide à approfondir notre travail d’introspection et de questionnement sur ce que nous sômmes et là où nous voudrions aller. Mine de rien, c’est déjà beaucoup pour un album dont je n’avais jamais entendu parlé il y a encore quelques semaines, chapeau!