Développé par une jeune équipe italienne Ovosonico , Last Day of June est un jeu d’aventure basé sur une chanson de Steven Wilson Drive Home. Il en reprend l’esthétique ainsi que la thématique mais en y apportant tout un univers et de nouveaux personnages. On incarne donc Carl et June, un couple qui part se promener au bord d’un lac en voiture le jour de l’anniversaire de Carl. Suite à l’arrivée d’un orage, il vont tenter de rentrer chez eux en voiture mais ils seront victimes d’un accident de voiture fatal à June. Carl, en fauteuil roulant, va alors découvrir qu’il lui est peut-être possible de modifier ce qu’il s’est passé ce jour là grâce aux tableaux des différents protagonistes de l’histoire dans son garage. En les touchant, il peut incarner un des autres personnages et ainsi modifier ce qu’il a fait ce jour là pour éviter que le pire ne se produise.
Last Day of June est donc un jeu assez spécial dans son approche scénaristique et dans le message qu’il tente de faire passer aux joueurs. Un peu à l’instar d’un jour sans fin, on va modifier les actes des 4 personnages de l’histoire et ainsi espérer obtenir un dénouement plus heureux. Mais comme tout n’est pas simple dans l’univers de Steven Wilson et de l’équipe ayant travaillé sur le jeu, il faudra parfois trouver de nouveaux embranchements narratifs pour avancer. Le gameplay est simple, on incarne donc un personnage et l’on peut interagir avec des éléments du décor ou d’autres personnages afin d’en savoir plus sur le casting mais aussi débloquer des endroits auparavant inaccessibles. Le petit garçon peut faire tomber des pots de fleurs avec son ballon et ainsi déverrouillé une porte qui restera dès lors ouverte pour tous les personnages. A tâtons, on va ainsi s’ouvrir de nouveaux arcs narratifs et avancer dans le jeu. Il s’agit ni plus ni moins que de simples énigmes rarement difficiles et bien pensées dans leur ensemble.
Un style et une ambiance inimitable.
Last Day of June est une expérience vraiment unique même si on peut comparer le jeu à d’autres histoires dramatiques comme That Dragon Cancer ou Firewatch. Le jeu est original aussi bien dans son fond que sa forme, le style graphique est d’ailleurs remarquable avec ce petit côté artistique décalé et ce respect parfait du clip de la chanson de Steven Wilson,
Drive Home. Celui-ci s’est d’ailleurs investi dans la création du jeu, il en a réalisé la bande son (remarquable) et récupéré Jess Cope à qui l’on doit l’excellent Frankenweenie. Ce style unique lui donne un certain charme mais il a également comme désavantage de ne pas ressortir en captures d’écran. Le jeu est autrement plus beau en mouvement, ne vous fiez pas forcément aux images.
Le jeu est disponible en français dans les textes mais comme il n’y a pas de paroles, le contraire n’aurait pas poser de gros problèmes. Comptez 4 heures pour en voir le bout avec l’intégralité des achievements dans votre besace. C’est court mais vu la teneur du jeu c’est un gros plus. En effet, trop faire traîner en longueur l’histoire aurait eu un effet désastreux sur l’implication du joueur et sur son ressenti sur l’histoire. Inutile de trop en faire et le jeu l’a bien compris, lorsque l’on rembobine une histoire on aura pas à refaire certains puzzles précédemment effectués. Une simple action sur le bouton A nous permettra de terminer la journée pour le personnage que l’on contrôle sans avoir à tout refaire. C’est à la fois malin et ca évite pas mal de frustration due aux allers-retours nécessaire à l’avancement de l’histoire avec plusieurs personnages. Certains nécessitant une condition particulière d’un autre pour pouvoir débloquer une action.
Don’t try to bear the blame, Deal with the pain
Le jeu parvient à maîtriser sa narration et l’émotion qu’il procure au joueur. On ressent réellement un forte empathie pour Carl et June, celle-ci intervient d’ailleurs à certains moments dans l’histoire afin de nous faire comprendre certaines choses et mieux nous faire accepter nos décisions. C’est aussi là où le bas blesse pour Last Day of June, en effet, à force de trop tirer sur la corde émotionnelle on devine très vite le dénouement de l’histoire. On a du mal à trop s’impliquer émotionnellement à cause de quelques situations maladroites et évidentes. Certaines histoires de personnages sont dispensables comme celle qui arrive au chasseur ne sachant pas chasser et visant comme un pied. On a également du mal à comprendre à quoi peut servir l’autre personnage féminin dans l’histoire malgré son background particulièrement développé par le biais de souvenirs que l’on devra trouver ici et là dans les niveaux.
C’est d’ailleurs dommage d’avoir placé ces souvenirs en dehors de l’aventure principale, il faudra retourner au menu principal et les regarder un après l’autre. Sachez d’ailleurs qu’il est assez facile de les rater alors qu’ils apportent un réel plus à l’immersion dans le jeu et dans les actions et réactions des personnages. Pensez bien à chercher partout et à regarder de quel type et le souvenir afin d’y aller avec le bon personnage. Last Day of June est un très bon jeu, c’est indéniable mais il n’atteint pas le niveau émotionnel des jeux pré-cités ou même du fantastique What Remains of Edith Finch et c’est bien dommage. Le cycle du deuil est bien posé mais il est bizarrement amené et au final, on ne versera qu’une toute petite larme à la toute fin. Au final j’ai beaucoup aimé le jeu mais je m’attendais à plus de nuances.