Développé par Giant Sparrow , What Remains of Edith Finch est une sorte d’ovni vidéo ludique qui prend la forme d’un walking simulator mais qui parvient à offrir autre chose qu’une simple ballade narrative chiante. On incarne donc Edith Finch, une jeune femme qui va revenir dans la maison de son enfance là où se déroulé de bien étranges évènements. Perdue dans une forêt de l’état de Washington, cette maison va se révéler être plus qu’un simple gîte et Edith va ainsi pouvoir découvrir ce qui est arrivé à sa famille. Par le biais d’une exploration de maison à la Gone Home, What Remains of Edith Finch transcende l’exercice en y apportant un supplément d’âme et de rêverie. Par le biais de contes interactifs liés aux différents membres de la famille, on va donc découvrir la vérité sur les Finch.
What Remains of Edith Finch est donc une expérience singulière qui ne ressemble à aucune autre que ce soit le pourtant excellent Firewatch ou Everybody’s Gone to the Rapture. Sans vouloir spoiler la découverte et l’histoire, on passe par tous les états possibles en jouant à ce jeu! Le principe est simple, on va explorer la maison et y découvrir des livres et autres objets ayant appartenu aux membres de la famille. A chaque fois, on va découvrir des petites histoires parfois rigolotes, parfois morbides mais toujours très réussies et surprenantes. On se transformera en chat, en travailleur dans une poissonnerie ou tout simplement en survivant dans son abris atomique. On suivra donc les différents nœuds narratifs en explorant la maison et son extérieur.
Et le Darwin Award de l’année va à… toute la famille Finch!
La variété est de mise et chaque passage est un pur enchantement! On a parfois du mal à comprendre ce que le jeu attend de nous mais après quelques minutes de réflexion, on comprends ce qu’il convient de faire pour avancer. La progression est aisée avec pas mal d’indices clairs que l’on retrouve sous la forme de billes blanches nous indiquant une action possible avec notre personnage. Non content donc d’incarner Edith, on prendra également le contrôle de nombreux membres de sa famille avec leurs points de vue et leurs possibilités différentes en matière de gameplay. Qui n’a jamais rêver de redevenir un bébé et de jouer dans son bain? C’est donc possible et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Cela rajoute un petit burlesque et inattendu au jeu qui, mine de rien, apporte énormément au jeu.
Pas question ici de jouer 7 heures en faisant des aller-retours pour générer artificiellement de la durée de vie. Notre personnage se déplace en marchant mais à aucun moment on a l’impression de se trainer ou de s’ennuyer. Le level design est par ailleurs excellent avec des déplacements logiques et fluides ne nous obligeant pas à perdre de précieuses minutes en transport contrairement à Drizzlepath Genie par exemple. Comptez environ 2h30 pour faire le tour du jeu une première fois et environ 3h30 pour débloquer tous les achievements. Ca peut paraitre un brin faiblard mais il n’en est rien, le jeu est prévu pour être jouer en une seule fois et vu l’intensité émotionnelle de l’expérience, c’est bien assez.
Un cercle majestueux et non vicieux.
Le jeu est superbe, c’est peu de le dire! Sur un ordinateur un peu récent, on en prend plein les mirettes avec de magnifiques textures et une fluidité à toute épreuve. La maniabilité est excellente que ce soit à la manette ou au combo clavier-souris. On notera qu’il faudra basculer son clavier en QWERTY pour pouvoir jouer correctement sous peine de chercher ses touches. Heureusement, l’option d’inversion de l’axe Y est directement disponible. Le jeu est intégralement en français dans le texte ce qui aidera grandement à la compréhension de l’histoire, complexe et ramifiée. Seuls les voix ne sont pas traduites mais le résultat est tellement excellent que cela ne gêne en rien, on se rapproche de la qualité des doublages d’Oxenfree, c’est dire! Je vous conseille très fortement l’achat de la bande son qui est juste magnifique, il vous en coutera 5€ de plus.
Le gros point fort du jeu vient principalement de se narration et de sa façon subtile et délicate d’évoquer des sujets difficiles. Sans que l’on s’en rende compte au début, on s’imprègne des personnages et de leurs mésaventures. Lorsque l’on joue dans les contes, on se demande si l’on a vraiment envie d’aller jusqu’au bout de nos actions. Pourtant, inéluctablement, on avance et parfois on se laisse toucher émotionnellement plus que de raison. Il est très difficile de ne pas être touché devant tant de justesse dans la description des sentiments qu’ils soient joyeux ou tristes. Le fait de jouer à la première personne nous immerge d’autant plus dans l’histoire que l’on peut se demander pourquoi le jeu ne gère pas la réalité virtuelle sur PC.
Du coup, j’achète ou pas?
What Remains of Edith Finch constitue pour moi ce que devrait être tous les jeux du genre. A savoir court mais intense émotionnellement. Certains pourraient pester contre la très faible durée de vie du titre mais ils se trompent. Le jeu n’est vendu qu’à 20€ ce qui est la nouvelle norme des jeux dits indépendants et il en vaut largement plus! Non content de nous retourner le cerveau avec ses histoires rocambolesques et son finnish ahurissant, il fera verser quelques larmes même aux plus machos d’entre nous. J’ai eu toutes les peines du monde à expliquer à ma compagne pourquoi je pleurais devant un jeu vidéo.
Si cette somme vous parait trop importante, je vous conseille d’attendre des soldes Steam afin de vous le procurer pour moins cher. Mais sincèrement, What Remains of Edith Finch est vraiment ce qui se fait de mieux dans le genre et de loin! Cette formule fonctionne grâce au talent des auteurs et à leur expérience personnelle mais j’ose espérer que tous les jeux du genre ne vont pas tenter d’imiter le jeu. Les walking simulator ont besoin de variété et d’idées originales, ils doivent éviter de devenir de vulgaires clones sans saveur. En tout cas, je vous conseille fortement de vous pencher sur ce jeu qui mérite très clairement d’être mis en lumière malgré un mois d’avril 2017 vidéo-ludique bien chargé en jeux de qualité.