Développé par Dead Mage et financé par une brillante campagne Kickstarter, Children of Morta est un jeu d’action-RPG très stylisé dans lequel on incarne toute une famille, les Bergson. Ils sont en proie à une menace qui prend la forme d’une corruption qui transforme en monstre tout ce qu’elle touche. Loin d’être des héros légendaires, les membres de la famille vont devoir s’entraider pour faire face à ce fléau et ainsi sauver ce qu’il leur reste dans ce monde.
Children of Morta est une aventure unique en son genre avec une réalisation façon Pixel art sublime et une qualité d’animation rarement vu ces dernières années même sur des jeux récents. On va donc devoir combattre la corruption qui s’étend sur le monde de Morta en allant sauver 3 entités divines déjà corrompues par une créature maléfique. On incarne donc 6 des membres de la famille qui disposent tous de leur style de combat et de leurs capacités uniques. On pourra faire monter de niveau nos personnages en combattant et ainsi améliorer des compétences actives passives ce qui apporte une réelle variation dans le gameplay et dans les chances de survie de nos héros.
Le gameplay est de type Action-RPG mâtiné de rogue-lite avec une très forte composante narrative que l’on retrouve entre chaque partie et surtout dans certains événements aléatoires lors de nos expéditions. Il peut s’agir de courtes scènes entre des personnages secondaires comme un enfant qui cherche sa mère et que l’on va devoir escorter ou bien des sauvetages de marchands ce qui nous débloquera de nouvelles possibilités lors de nos prochaines parties. Il s’agit également de mises en situation prenant place lors de transitions narratives entre les différents membres de la famille. C’est toujours bien écrit et remarquablement mis en scène.
Dark Crystals
Children of Morta se joue donc à la manette à la façon d’un Twin Stick Shooter où l’on dirige son personnage avec le stick gauche et l’on vise avec le droit. Il y a en gros 2 classes de personnages, les corps à corps et les combattants à distance. Il est d’ailleurs parfois compliqué de bien viser avec le stick droit avec certains personnages qui bouge très vite et qu’il est parfois complexe de contrôler comme il faut en plein combat. On notera également quelques ratés au niveau de la visée des tirs à distance qui n’iront pas toujours dans le bon angle choisi avec la manette et on devra toujours compenser pour espérer toucher nos ennemis. On a également la possibilité de faire une pirouette pour éviter les coups (vital par ailleurs) et d’autres spécialités liées à certains personnages comme le père de famille et son bouclier ou le cousin éloigné avec son marteau.
Le jeu est assez riche en événements scénarisés et on n’hésitera pas à passer plus de temps que prévu dans une zone afin de débloquer toutes les scènes possibles et de faire toutes les quêtes secondaires. Si la quête principale est simple et nécessite forcément de faire monter de niveau nos personnages afin qu’ils ne se fassent pas démolir par un boss et ses patterns, les quêtes secondaires sont aléatoires mais on retrouve très souvent les mêmes comme par exemple aller sauver un bébé loup pour ensuite le soigner et lui faire une niche. Certaines scènes sont obligatoires pour faire avancer l’histoire et on les débloquera après un échec lors d’un run par exemple. C’est toujours bien écrit et remarquablement bien animé.
D’autres événements son aléatoires comme les puzzles et les mini-challenges. On retrouvera des zones où l’on devra sauver des gens pour découvrir des manuscrits nous permettant d’en découvrir plus sur cet univers et sur la propagation de la corruption mais aussi des zones nous permettant de débloquer une upgrade pour notre famille. Il est donc très important d’aller tout explorer avant de prendre la sortie du donjon pour éviter d’être bloqué plus tard. Il y a également des sortes de puzzles et challenge qui nous permettront de gagner des artefacts divers ou bien de nous faire tuer en essayant. Si on prend un malin plaisir à tout faire au début, on comprendra très vite que certaines zones sont très dangereuses et qu’il vaut mieux les éviter une fois dans les profondeurs des donjons les plus difficiles.
Tout fléau tout flamme
Afin d’éviter que l’on ne joue tout le jeu qu’avec un seul personnage, il existe une sorte de fatigue due à la corruption qui fait baisser les points de vie de notre personnage si on le joue trop souvent à la suite. Forcément de prime abord ça peut paraître pénible mais au finale c’est une bonne chose car cela nous oblige à faire monter les autres personnages et à découvrir leur gameplay. Au début, on a fortement tendance à ne jouer que l’archère car c’est plus simple et on risque moins de se faire toucher qu’avec les personnages au corps à corps mais une fois certaines améliorations commune à la petite famille acquises comme une augmentation des chances d’évasion, on peut commencer à jouer avec les autres joueurs et y prendre plaisir.
La difficulté est assez spéciale dans Children of Morta, elle est vraiment liée au niveau des compétences passives communes et nécessite parfois de faire l’impasse sur un personnage pour le rejouer plus tard dans une zone plus propice à ses talents. Du coup on se retrouve avec un personnage de bas niveau mais qui se débrouillera aussi bien q’un autre bien plus haut niveau. Il gagnera dès lors beaucoup d’expérience et il finira par rattraper tout le monde en un seul run. J’ai aussi remarqué que certains ennemis apparaissaient plus souvent avec certains personnages ce qui est assez gênant et du coup peu réaliste. Concrètement il y a peu de personnages OP si ce n’est la petite soeur qui détruira les boss comme si ce rien n’était avec ses pouvoirs d’éloignement des ennemis, son clone ou encore son bouclier qui encaisse les dégâts! Ça fait beaucoup pour un seul personnage mais fort heureusement son absence de mobilité lui jouera des tours dans la 3ème zone du jeu.
Le jeu est également jouable à 2 en coopération et c’est de loin la meilleure façon d’apprécier le jeu pour ma part. On s’éclate à jouer avec les synergie entre les personnages et il faudra lutter pour récupérer les meilleurs artefacts avant l’autre car un seul des personnage ne pourra le récupérer. Fort heureusement, il y en aura pour tout le monde pour peu que l’on explore les niveaux comme il se doit. Il faudra également gérer l’affichage qui ne se scinde pas en deux pour suivre chaque personnage. Du coup, on peut se retrouver tout au bout de l’écran sans savoir ce qui va nous tomber sur le coin du museau, c’est drôle et cela peut provoquer quelques morts assez croustillantes. Heureusement, on peut faire revivre son compagnon en restant à ses côtés et en appuyant sur un bouton. Je n’ai pas eu l’occasion de tester le mode coopération en ligne tant est si bien qu’il soit activé.
On a dit pas les mamans!
Au niveau de la réalisation, Children of Morta est vraiment somptueux! Les décors sont superbes, les personnages super détaillés et les effets de sorts pètent la classe. Le jeu est fluide sur de petites configurations avec tout de même pas mal d’option graphiques et une gestion des écrans larges. Malgré le chaos ambiant, tout reste visible et on ne perd jamais de vue notre personnage et les cooldowns de nos compétences. Tout est bien pensé et chaque bout de l’interface a son utilité. La qualité d’animation est là aussi prodigieuse avec énormément de détails et une fluidité à toute épreuve. On est vraiment un cran au dessus des déjà excellents Moonlighter et Hyper Light Drifter. Il y a belle variété des ennemis et des situations, on passe allègrement d’un désert à un complexe robotique sans que la direction artistique ne perde en cohérence. En ce qui concerne les musiques et les bruitages, c’est un vrai sans faute avec une bande son vraiment à la hauteur et une ambiance sonore au top que ce soit sur la voix off ou sur les bruits d’ambiances.
La maniabilité est plutôt bonne que ce soit à la manette ou au combo clavier-souris. Certaines touches ne sont pas forcément très pratique sur une manette Xbox One par exemple mais avec un peu d’habitude on arrive à ne pas s’y perdre. La touche L1 pose particulièrement problème dans le feu de l’action. Comme expliqué plus haut on a parfois du mal à diriger ses tirs là où se trouvent les adversaires à distance et on passera un peu de temps à réajuster notre positionnement. J’ai également eu parfois du mal avec la perspective des décors, notamment les portes et autres portails ou l’on se retrouve parfois bloqué dans la partie haute. Certains éléments du décors peuvent également nous bloquer et garder de précieux objets qu’il nous sera impossible de récupérer car en plein milieu dudit objet.
Malgré tout on peut faire quelques reproches au jeu au niveau de la difficulté qui me semble artificielle et trop accentuée sur le début de l’aventure. On a également du mal à comprendre la gestion des drops de potions de vie qui parfois sont abondantes mêmes dans les derniers niveaux et parfois inexistantes même dans des passages moins complexes. Les boss sont plutôt intéressants dans l’ensemble mais on aura plus de mal avec les tous premiers plutôt qu’avec les derniers boss qu’il est possible de battre sans se faire toucher une seule fois. Autre petit problème, certains ennemis sont vraiment long à éliminer et les situations peuvent devenir hors de contrôle pour peu qu’un mini-boss débarque au même moment. Il est également dommage que l’on ne puisse jouer qu’à 2 car le jeu serait encore plus intéressant à 4 à mon avis.
Furies en famille
Le jeu est intégralement traduit en français ce qui aidera grandement les joueurs pour comprendre ce qu’il faut faire dans certaines quêtes secondaires. On retrouve le Steam Cloud ainsi que des achievements bien sournois et difficiles à obtenir. Comptez environ 10 heures pour en faire le tour comme il se doit en solo et un peu moins pour peu que vous soyez 2. La rejouabilité est bonne pour peu que l’on souhaite monter toutes les compétences ou découvrir toutes les scènes bonus et ainsi trouver toutes les pièces de l’histoire. Si vous avez joué à la version de démo gratuite, le jeu a énormément évolué en terme de polish et d’améliorations sur l’interface et sur les capacités des personnages. Si vous avez aimé ce que vous avez joué à cette occasion, vous ne trouverez que de bonnes raisons de vous le procurer surtout à ce prix là!
Au final, Children of Morta est vraiment l’un des meilleurs jeux de l’année en ce qui me concerne. J’ai rarement vu un jeu aussi beau et aussi stylé avoir une histoire aussi immersive et intelligemment mis en scène. Certes il y a du grind intensif mais on avance toujours sans s’ennuyer ou être frustré. Je vous recommande chaudement ce jeu pour peu que vous aimiez les bons jeux d’action RPG plus stratégiques que bourrins et que vous voulez en prendre pleins les mirettes et les esgourdes.