Dark Horses est un groupe de rock anglais dont je vous parlais il y a quelques semaines dans ce billet. Après avoir donc patiemment attendu la sortie officielle de l’album, je m’en vais nous narrer mes aventures au sein de cet album dense et un peu particulier. Amateurs d’indies et de rock décousu, vous ne pouviez pas mieux tomber Dark Horses a tout ce qu’il faut pour faire votre bonheur.
Forcément, après avoir été teasé comme il faut avec Alone et Boxing Day (sans compter sur l’excellent Radio), j’attendais cet album de pied ferme et la première approche est plutôt déconcertante, il faut bien l’avouer. Le groupe n’est pas vraiment adepte d’un genre particulier si ce n’est de ne pas trop faire de concessions dans ces titres et dans son approche des mélodies.
Le sombre et lancinant Rose ne laisse pas vraiment de place au doute, tout est décousu, un peu spécial avec un section rythmique omniprésente d’influence pour mieux vagabonder au grès des oscillations sonores. Radio reprend le flambeau avec une merveille de titre à ambiance et garni de détails croustillants qui ne passent bien qu’au casque grâce à un excellent mixage.
La voix hypnotise plus qu’elle ne séduit mais le résultat d’ensemble est juste imparable. [quote]Folk sans trop l’assumer le titre lorgne au final sur un maelström strident et résolument ter-riff-ique.[/quote] Alone et Boxing Day sont déjà connus pour peu que vous ayez jeté un coup d’oeil sur le Bandcamp du groupe. Ces 2 titres sont vraiment charismatiques et sombres comme il faut, difficile d’échapper à la saillie sonore à laquelle nous faisons face et de ne pas être sous le charme immédiat.
Le début de l’album est donc un brin inclassable pour le moment, mi psychédélique, mi vaporeux, il ne plaira pas à tout le monde c’est clair. No Dice est lui aussi très très particulier avec son aspect musique de film de Tarantino. Il garde son faux rythme putassier sur tout le titre alors que l’on se doute qu’il va exploser à un moment ou à un autre. Le groupe ne fait décidément rien comme prévu et ce n’est pas pour me déplaire je dois bien l’avouer. On passera sous silence les titres Chant Chain, Black Music et The Archer qui ne dépassent pas les 2 minutes et servent plus à mettre l’ambiance qu’à autre chose, ambiance ambiance!
Traps est un titre qui porte très bien son nom, mi pop, mi rock débridé. On ne sait pas trop où on se situe comme toujours mais le chant est énorme tout comme la production. C’est un très beau titre majestueux pour sur! Count Me In est une autre merveille de calme et de plénitude, on est dans le feutré et le vaporeux pour mieux nous dégager les sinus avec une montée crescendo du plus bel effet. On reste sonné, sous le choc jusqu’à la dernière note, puissant encore une fois.
Sanningen Om Dig perpétue la tradition des titres alambiqués et marquants, le groupe nous prend aux tripes et ne nous lâche plus jusque là. Titre hallucinant et halluciné chanté en Suédois qui dévie en freestyle sur la fin. Le titre est une reprise de Thomas Andersson d’où le chant Suédois pour ceux que ça intéresse. Le reprise reste implacable comme décrit ci-dessus. Road to Nowhere est un titre plus classique mais malgré sa douce robe pop, il n’est pas aussi simpliste qu’escompté. Il tranche singulièrement néanmoins des autres compositions de l’album.
S.U.N est déjà plus enfumé et hypnotique. On reste sur des guitares aériennes accompagnées d’un peu d’harmonica, spécial mais ô combien réussi. Le titre se veut un peu roots mais il est clairement trop produit et bien mixé pour faire indie hipster. Anna Minor est un autre titre majeur de l’album, doux et délicat il fleure bon la mélancolie et la tristesse sans pour autant s’en parer des artifices faciles et putassiers. Folk sans trop l’assumer le titre lorgne au final sur un maelström strident et résolument ter-riff-ique.
Quel éprouvant et enivrant voyage que cet album! Malgré mes à priori positifs, je ne m’attendais pas à vivre une telle expérience musicale, qui même si elle imparfaite par moments et qu’elle pêche par suffisance sur certains titres, reste une des meilleures surprises de l’année 2012 musicale. Noir, parfois opaque, cet album monolithique ne plaira certainement pas à tout le monde et ne fera pas trop d’esclandre dans les médias sauf peut-être chez certains médias hipster-chicos qui l’encenseront sans trop en prendre la pleine mesure.
Pour un premier album, la claque est là, implacable mais imparfaite, comme un joyau à polir et qui ne demande qu’à s’exprimer de tout son éclat sur une suite des aventures psychédéliques et névrotiques de Dark Horses. Loin de ressembler à du Nickelback malgré son nom prédestiné, le groupe fait souffler le chaud et le brûlant via cet album incandescent et qui brûlera tous ceux qui ne prendront pas garde.
Extraits:
Achat: Vous pouvez acheter cet album sur le site officiel du groupe au format CD du groupe au prix de 9.99£ et sur iTunes au prix de 8.99€.