Cober Ord

Critique : Cober Ord – Le Revers du Soleil

Grand adepte des mélange des genres et autres découvertes iconoclastes, j’ai eu la chance de découvrir par courriel aujourd’hui un duo français plutôt méconnu, Cober Ord qui m’annonce la sortie de son premier album datant de 2014 Le Revers du Soleil. Sans trop me poser de questions, me voilà donc sur le Bandcamp du groupe pour y découvrir le fameux album et pour m’en faire une idée un brin plus complète.

Après quelques minutes d’écoutes, je dois bien avouer que le titre éponyme de l’album fait mouche et qu’il me caresse dans le bon sens du poil à savoir de la musique expérimentale que je ne serais pas mieux décrire que le groupe lui-même:

Présentation par le groupe de son album:

Empreint d’un minimalisme shamanique, le Revers du Soleil est bâti avec
des percussions, des instruments expérimentaux, des pédales de distortions,
des haut-parleurs, quelques guitares, des cris primitifs, des chants
diphoniques… Contrairement à beaucoup de groupes de musique industrielle,
de drone, de dark ambiant ou de noise, Cober Ord met l’accent
sur la dimension acoustique et l’espace dans lequel sont enregistrés les
instruments. Mais surtout, l’univers du groupe ne se limite pas à la musique.
D’autres aspects esthétiques sont explorés – vidéos, costumes, scénographie,
lutherie expérimentale/sculptures sonores – le groupe créant des
instruments spécifiques.

Cober Ord – Le Revers du Soleil

Après ma première écoute, je dois bien vous avouer que je ne savais pas trop si j’étais enthousiaste ou tout simplement abasourdi par ce que je venais d’entendre. Il ne faut pas plus de 17 minutes pour comprendre que cet album est particulier, très particulier même. Pour peu que vous aimiez la musique expérimentale à la Pharmakon et autres groupes du genre, Le Revers du Soleil devrait vous mettre en joie. On retrouve une singularité poignante dans cet album avec un titre qui met directement l’auditeur dans l’ambiance. Du long de ces 17 minutes, Le Revers du Soleil nous place dans une sorte de rituel incantatoire et occulte. On y trouve un peu de Black mais surtout beaucoup d’industriel de la première heure.

Sans paroles ni trame logique, le titre s’étire, se délie et délivre avec un impact saisissant son message tonitruant. Pas de rythme soutenu ni même de drum machine, tout est dans l’air et dans les percussions, les quelques incantations déchirent l’espace sonore et nous placent dans un état presque second, nul besoin d’user et d’abuser des méthodes à la mode et les effets faciles pour captiver son auditeur. On y décèle un côté animal, primitif qui fait appel à nos plus bas instincts et nous aide à mieux apprécier Le Revers du Soleil à sa juste valeur.

Après l’écoute attentive de l’album, on ressent un sentiment difficile à expliquer de malaise et d’emprisonnement. L’utilisation intelligente des sons et des ambiances participe largement à cet état de fait et on se sent observé, traqué dans un milieu hostile. Plus on tente de s’échapper et moins on y parvient. Le combo Cimetière Chimères – Brume est particulièrement efficace dans son approche et sa lente et inexorable intensité. On se rapproche un peu plus de l’effroi au fur et à mesure que l’on progresse dans l’album, Sortiarius ne lâche pas son emprise et il prend la main et nous amène dans un voyage Black qui s’éloigne du côté parfois caricatural du genre et qui culmine en terme d’intensité avec le combo Le Même arbre se répète – Danse pierre, véritable pierre angulaire et point culminant en matière d’intensité de l’album.

La suite n’est toutefois pas une sinécure, on accède à d’autres sentiers moins tortueux mais tout aussi mystiques. Metempsychosis clôt les débats pour mieux nous faire changer d’état, nous transvase ailleurs avec l’aide du Sortiarius. Sans trop se la jouer cérébral et prise de tête, Cober Ord nous fait prendre conscience de pas mal de chose comme notre animalité refoulée et notre quête presque vaine d’absolu que l’on ne peut atteindre sans sacrifice ou élèvement de notre esprit. Le pari est réussi avec Le Revers du Soleil, le titre est parfaitement choisi pour nous faire vivre de voyage, cette initiation occulte et mystique qui s’achève non comme un soulagement mais plutôt comme une délivrance, celle d’avoir pu s’extirper pendant quelques minutes de son enveloppe charnelle.

Alors oui, cet album est assez difficile d’accès, oui on peut railler le côté grand guignolesque du projet mais force est de constater que Le Revers du Soleil est un album important pour le genre ou même pour les amateurs de musique expérimentale sombre et pénétrante. Sans texte ni structure conventionnelle, il sonne comme une expérience à essayer de vivre qu’elle soit concluante ou pas. Il ne restera plus qu’à aller découvrir Cober Ord sur scène pour vivre et ressentir ce spectacle unique en son genre. En matière de vecteur d’émotions et de sensations, cet album ne fait pas les choses à moitié et ca on ne pourra pas lui reprocher. Un second album est en cours de réalisation ce qui implique que l’on a pas fini d’entendre parler de ce duo fort prometteur.

Achat:

Vous pouvez vous procurer Le Revers du Soleil sur le bandcamp de Cober Ord.

Écoute intégrale: