65daysofstatic est un groupe combinant allègrement le Post-rock, l’électro et le Math Rock qui connait un certain succès depuis le début des années 2000. Le groupe a explosé avec un excellent We Were Exploding Anyway dantesque et rempli de feats sympathiques. A la croisée des genres il magnifie tout ce qu’il touche et propose l’écoute intégrale et gratuite de son répertoire via son Bandcamp.
Pour son nouvel album, le groupe s’est lancé dans une expérience singulière et originale. Préparer une nouvelle bande son pour un film datant de 1972, Silent Running, réalisé par Douglas Trumbull un spécialiste des effets spéciaux de l’époque. Si le film n’a pas réellement brillé la faute à un scénario un brin limité et à de grosses longueurs dans la narration, il semble avoir inspiré pas mal de monde et laissé une trace dans certains esprits.
65daysofstatic a donc décidé de fournir une nouvelle bande son au film et de transposer au mieux le message du film, In human relationships, kindness and lies are worth a thousand truths. Le tirage de l’édition physique CD et Vinyl de cet album est déjà épuisé, il faudra donc se rabattre sur l’édition MP3 ou FLAC pour profiter de cet album.
Avis:
Exit donc la dance survoltée et inspirée de l’excellent We Were Exploding Anyway et accueillons comme il se doit un album épique qui se rapproche des premiers travaux du groupe dans les années 2000. Dès Overture, le ton est donné, ce sera spatial et orchestral! Loin de me déplaire, ce voyage sera néanmoins mouvementé, oscillant entre le respect de l’œuvre initiale et les ambiances si particulières que le groupe arrive à donner à ses titres.
Space Theme nous renvoi quelques années en arrière avec une ambiance très cinématographique et forcément « space ». Les nappes de synthés participent au rendu final et se superposent pour donner un vrai ticket au titre. La transition est assez rude et impromptue avec le plus classique mais magnifique The Announcement qui fait vraiment Post Rock feat piano et guitare électrique. L’émotion est palpable, presque cognitive ce qui renforce forcément les liens avec certaines scènes du film.
Safe Distancing est plus électro dans sa progression et sa production mais le Post Rock n’est jamais bien loin et il s’émancipe sur le second tiers du titre. Le titre est juste sublime et constitue une parfaite introduction au plus nébuleux et toujours aussi spatial The Scattered Disk. Ce titre à ambiance dévie ensuite un peu vers le Dn’B léger pour mieux s’intégrer avec le reste de l’album.
Burial Scene est gratuit au téléchargement sur le site et il n’a pas besoin de trop d’explications à l’égard du nom du titre. Il est néanmoins sublime et émotionnellement un peu lourd. Broken Ship Ruse reprend à merveille une scène du film où Lowell planifie une fausse explosion afin de s’enfuir via la navette qui arrive suite à cette ruse. Le titre est spécial, il bourdonne, oscille et se transforme pendant 6 minutes. C’est bien la pierre angulaire de l’album et constitue un des meilleurs titres de l’album.
Surgery est plutôt court et reprend la scène où Lowell fait opérer sa jambe par un robot reprogrammé. Space Montage est un autre très bon titre de 6 minutes 20 progressif et intriguant. Il fusionne parfaitement le côté Space Opéra et le Post Rock pour rajouter un peu d’intensité qui commençait un peu à manquer à cet album. Rantaloupe sonne comme le thème principal de Halo mais il reprend surtout la trame légèrement modifiée de Burial Scene.
Finale clôture donc l’album de la plus belle des manière avec une ambiance détonante et une intensité que l’on a pas forcément connu sur l’album. Il lorgne ouvertement vers l’électro pour mieux se trouver remixé par la suite, c’est évident. C’est une bien belle façon de terminer cet album qui laisse néanmoins quelques regrets, on aurait aimé avoir plus de titres de cet acabit sur l’intégralité de l’album.
L’EP Bonus est tout aussi intéressant avec des titres bien plus enjoués et efficaces. On retrouve donc ce qui fait le succès du groupe avec des beats plus présents et quelques montées acides plutôt intenses. Le Post Rock est toujours là mais un peu plus nuancé et noyé par les synthés. C’est un ajout appréciable mais pas fondamentalement inoubliable.
Ce projet est donc particulier, il s’éloigne des dernières tendances à la mode et propulse le groupe vers de nouveaux horizons où il est tout aussi à son aise que d’accoutumée. L’ambiance des années 70 est là mais toujours au service d’une certaine modernité propre au groupe qui fait chanter les synthétiseurs et les guitares comme si de rien n’était. Loin de constituer une faute de goût ou d’être considéré comme une erreur de parcours, cet album est un essai réussi par le groupe qui peut donc se targuer de proposer une certaine variété à son catalogue et une certaine maitrise des codes cinématographiques. De surcroit il est proposé à petit prix, pourquoi se priver?
Achat:
Vous pouvez acheter cet album et son EP Bonus sur le site officiel du groupe au prix de £8.00 en FLAC.
Extraits: