Thrice est un groupe de rock alternatif qui tourne depuis plus de 10 ans et qui dispose d’un arsenal conséquent d’albums, 8 au total. Une des principales forces du groupe est sa capacité à se renouveler à chaque album et de pousser encore plus loin leur liberté artistique. Si on retrouve pas mal d’éléments à la mode comme du Post-Hardcore ou quelques relents Emo, le groupe est surtout très spontané et redoutable en live. Avec d’autres groupes comme Moving Moutains ou Hands, ils perpétuent un style, presque une signature tout en rajoutant pas mal d’éléments originaux.
Thrice ne se repose pas sur l’énorme succès de Beggars en 2009, ils innovent encore et évitent les amalgames qui leur collent à la peau comme ce côté Radiohead du Post-Hardcore que l’on veut leur apposer. Loin de toute cette agitation, le groupe s’est à nouveau retrouvé en quartet pour pondre un album direct qui est disponible sur itunes avec un titre inédit mais aussi en CD sur lequel ma critique sera faite. Cet album fleure bon le souffre et la sueur mais est-ce en vain?
Avis:
Succéder à l’excellent Beggars n’était chose aisée pour Thrice lorsque l’on considère le succès critique et commercial qui s’en est suivi en 2009 et 2010. Forcément, le groupe est attendu au tournant et il décide déjà de ne pas bousculer sa méthode de travail, à savoir rester en quartet et enregistrer live leurs nouveaux titres. Si on pouvait toutefois sentir l’émotion et les titres calmes dans Beggars, rien de tout ca ici, le groupe nous offre une album direct, organique, vivant. Il n’est pas question de s’emmerder une seule seconde dans cet album, c’est clair et net dès le premier titre, Yellow Belly.
Si le côté Post-hardcore reste marqué, on sent surtout de fortes connotations Grunge dans l’ensemble de l’album! Back to 90’s. La filiation est parfaitement pertinente et crédible au niveau des paroles et de la musique, le groupe a connu pas mal de moments difficiles et la plupart des titres de cet album s’en font l’écho et servent un peu de thérapie aux membres du groupe. La musique est la aussi très explosive dans être agressive comme on aurait pu le craindre. On est dans la mélodie, l’emphase et les riffs rageurs tout comme VS ou d’autres albums de cette période bénie me concernant. Cet album est plutôt sombre dans son ambiance et dans sa trame mais il évite soigneusement la pleurnicherie inutile façon I Hate Myself, I want to Die.
Le groupe aime également soigner les effets et la dichotomie, ce clair-obscur si cher à des groupes comme Alice in Chains et Pearl Jam. On passe du chaos le plus total à l’apaisement en quelques secondes sans même sans rendre compte (Cataracts), tout y est fluide et enivrant. L’émotion est palpable à travers chaque titre et ce n’est pas l’enrobage sonore qui le mettra à l’écart. La gestation de cet album a pourtant était simple pour le groupe mais les thèmes abordés le sont moins, c’est évident. Manque de communication, difficulté suite à une perte, tout y passe sans jamais être chiant.
Les amateurs de musique péchu et sans fioriture seront aux anges mais le groupe pense aussi aux amateurs de son plus élaboré et aux fans de Moving Moutains avec des mélodies électriques sublimes. Blinded est vraiment le titre qui m’y fait le plus penser. Ce groupe a vraiment quelque chose de génial en matière d’écriture et de feeling, il évite soigneusement de se redire tout en n’ignorant pas complètement son passé. Exit donc les trips à la Radiohead et les mélodies trop évidentes de Beggars, on redécouvre une optique plus live, plus vibrante.
Trèves de tergiversations, cet album mérite clairement d’être écouté et apprécié par tous les amoureux de rock alternatif et de grunge. Il transpire la sincérité par toutes ses aspérités et suinte la classe à grosses gouttes. Sortez vos chemises à carreaux et vos cheveux gras, la bonne musique est de retour et ce n’est pas moi qui dirait le contraire, yeah!
Titres à retenir:
Yellow Belly, Promises, Blinded, Cataracts, Trading paper, Listen Through Me et Disarmed.