Développé par le studio australien Two PM, The Thin Silence est un jeu d’aventure d’énigmes doté d’une partie narrative extrêmement aboutie. On incarne donc Ezra Westmark, un homme en pleine dépression qui est hanté par ses propres démons et de profonds traumatismes. Vu comme ca forcément, ca ne donne pas forcément envie mais le constat de départ permet au jeu de parler de sujets rares dans le jeu vidéo traditionnel comme la dépression, les doutes internes, la folie et le fait de devoir affronter son passé pour pouvoir avancer. D’une thématique sombre et très mature, on fera face à des situations particulièrement compliquées comme un génocide ou la perte de proches. Il n’y a d’ailleurs pas que la thématique, l’ambiance graphique et sonore est elle aussi très sombre, minimaliste et viscérale.
The Thin Silence reste pourtant parfaitement dans le domaine du jeu vidéo avec un gameplay très bien fichu et une histoire particulièrement bien ficelé et développé par touches subtiles. Même s’il est possible de terminer le jeu sans réellement s’y intéresser de prime abord, allez fouiller partout et découvrir le background de cette histoire est aussi intéressant que la trame principale et notre quête de rédemption. Par le biais d’objets à trouver et autres morceaux de journal, on parviendra à reconstruire ce qui est arrivé à la plupart des protagonistes. Ce ne sera pas chose aisée car il y a pas mal de personnages différents et qu’il faudra faire preuve de réflexion et de jugeote pour découvrir certains éléments de l’histoire. Si l’art de surmonter ses propres carences et autres limites fait parti de la thématique du jeu, il faudra également y mettre du notre pour en profiter au maximum.
Killing in the Name
The Thin Silence propose un gameplay plutôt simple de prime abord. On contrôle notre personnage et on doit trouver des solutions à des énigmes environnementales et situationnelles. Pour ce faire, il faudra combiner des objets les uns avec les autres afin de trouver la bonne combinaison. Si l’on souhaite grimper à des grilles, il faudra combiner des chaussures et un grappin et ainsi de suite. Plus le jeu avancera dans son histoire et plus on aura droit à des interactions possibles entre objets. Sachez qu’il est possible d’en combiner au plus 3 ensembles, cela limite tout de même les combinaisons possibles. L’interface du jeu est plutôt bonne avec une excellente utilisation de la manette et de ses touches. J’ai par ailleurs largement préféré l’utilisation de ladite manette au combo clavier-souris, les combinaisons entre objets ne sont pas toujours évidentes mais on finit par comprendre comment faire et à s’amuser à tester plein de combinaisons possibles.
Il faudra donc trouver la bonne combinaison au bon moment et ensuite trouver comment activer des mécanismes qui en entraineront d’autres et ainsi de suite. Rien de bien compliqué en soit mais il arrive parfois que l’on reste bloqué bêtement pendant de longues minutes à cause d’un détail que l’on avait manqué. Pensez bien à bien regarder la scène lorsque le jeu vous montrera un plan assez élargi de ladite scène. Cela impliquera forcément qu’il y aura des réactions à nos actions et qu’il faudra anticiper. Comme je le disais, tout est assez logique au début mais les choses vont très vite se complexifier plus loin dans le jeu. En effet, à partir d’un certain moment il va falloir hacker des stations de travail par le biais de petites énigmes logiques mais en anglais ce qui risque de poser pas mal de problème pour nous français.
Fort heureusement, il est possible de passer outre certains puzzles pour pouvoir avancer dans le jeu mais c’est au prix d’un meilleure compréhension de l’histoire et de ce qui est arrivé à notre personnage. Sachant qu’il y a plusieurs niveaux de lecture et de compréhension de certaines situations, avoir tous les éléments en main aide grandement pour apprécier tout le travail réalisé par Two PM sur l’aspect émotionnel de notre personnage. Sachez par ailleurs qu’ils reverseront 10% des bénéfices de la vente du jeu à une association luttant contre les suicides et la dépression.
Our darkest hours
Au niveau de la réalisation, The Thin Silence est extrêmement minimaliste que ce soit au niveau de la réalisation graphique mais aussi sonore. Ne vous attendez donc pas à un jeu 4K et 144fps mais attendez vous à un jeu stylé à la Limbo et autres Knytt Stories ou Mandagon. Mention spéciale à la bande son sobre et dont l’utilisation très limité fait mouche à chaque fois. Le jeu est fait pour être sobre et sombre, c’est presque difficile par moment de voir les décors ou tout simplement certains éléments à utiliser malgré la présence d’une touche X nous indiquant une interaction possible. Le silence fait bel et bien parti du jeu et c’est vraiment un gros point fort du jeu. L’ensemble est cohérent, noir et volontairement dépressif! Pourtant, cette noirceur n’est pas immédiate, elle sera amenée progressivement par le jeu grâce à une excellente utilisation des environnements et des mises en situation.
Au niveau des problèmes rencontrés, j’ai rencontré quelques légers soucis de plein écran et de bugs m’empêchant de terminer une énigme. Fort heureusement, le jeu nous permet de remettre en l’état le jeu et la situation dans laquelle on se trouve pour revenir à un état fonctionnel de la scène et des objets. Je n’ai pas rencontré de gros problèmes autres si ce n’est le fait que le jeu est intégralement en anglais et que quelques fautes soient présentes ici et là. Sachez qu’il vous faudra un excellent niveau d’anglais pour profiter pleinement du jeu et de son dénouement. On n’atteint pas le génie d’un Ether One par exemple en terme de complexité et de qualité au niveau de l’histoire mais on s’en rapproche malgré tout et c’est déjà énorme pour un jeu aussi méconnu. Il supporte les cartes Steam et elles valent plutôt le coup en ce moment ce qui peut encore plus rentabiliser votre achat pour peu que vous ne souhaitiez pas crafter le badge.
It’s the End my Friend
Au final, The Thin Silence est une vraie réussite vidéo-ludique qui mérite véritablement que l’on s’y penche dessus. Certes le jeu est intégralement en anglais et le niveau est plutôt relevé mais il nous fait ouvrir grand les yeux sur la dépression et sur les différentes étapes que celle-ci entraine. Bien entendu tout ceci n’est qu’un simple jeu vidéo au final mais l’intrigue est prenante que ce soit au niveau de notre engagement émotionnel mais aussi sur la façon dont elle se dévoile au joueur. Au bout de 4-5 heures, on arrive au terme de cette aventure complexe et qui ne manque pas de lumière au bout du tunnel. Si le jeu nous indique qu’il est plutôt à éviter pour peu que vous soyez dans un état dépressif, je ne peux qu’acquiescer mêmes si je ne suis pas dans cette situation à titre personnel.
J’ai donc passé un très agréable moment avec The Thin Silence même si je me suis arraché les cheveux sur certaines phases de hacking et d’autre puzzles trop évidents pour mon cerveau dérangé. Ne vous attendez pas à énormément de gameplay mais on est tout de même assez loin d’un jeu linéaire de simulation de marche basique. Le jeu n’est pas bien cher et il réclamera plus que les 5 heures prévues pour peu que vous essayez de tout débloquer. Pour peu que vous aimiez les jeux complexes et singuliers, The Thin Silence mérite très clairement votre temps et votre considération tout comme les thématiques qu’il touche.