4PM est une histoire intéractive très courte réalisée par une seule personne qui tente de parler de thèmes rarement vus dans le jeu vidéo comme l’alcoolisme et le suicide. Le jeu se présente comme une aventure vécue à la première personne dans laquelle on se réveille difficilement d’un lendemain de cuite et où notre vie va basculer en l’espace de quelques heures. Caroline Wells doit essayer de se souvenir de ce qu’il s’est passé la veille. Elle devra tenter de ne pas se faire virer de son travail ennuyeux à cause d’un patron acariâtre.
En gros, on déplace notre personnage avec les touches habituelles WASD et avec la souris. On notera juste qu’il n’est pas possible de changer les touches ni même d’avoir la vue de la souris inversée ce qui éviterait quelques problèmes pour les joueurs comme moi qui aiment ce réglage. Le jeu est en anglais intégral mais il propose également des sous-titres mais ceux-ci passent trop vite et ne sont pas bien coordonnés par rapports aux voix du jeu. On peut également intéragir avec certains éléments du décor avec le bouton gauche de la souris ou tout simplement zoomer sur certains objets pour mieux les observer.
Le jeu est découpé en petites séquences qui représentent chacune une heure de la journée. Dans ces scènes, on doit effectuer des taches pas toujours reluisantes comme essayer d’aller aux toilettes pour y vomir comme une princesse suite à une soirée trop alcoolisée ou tout simplement de s’habiller pour aller au travail avant de se faire virer. Certaines scènes sont plus intéressantes que d’autres et il faudra même faire preuve d’un certain don pour la furtivité afin de partir du travail pour aller boire un petit coup en douce. La gestion de la caméra nous rappelle l’excellent clip des The Prodigy, Smack My Bitch Up avec quelques situations par ailleurs identiques au niveau de l’ambiance et de la mise en scène.
La réalisation est plutôt convaincante avec une bande son appropriée et des graphismes corrects qui ne déservent pas le principal intérêt du jeu, l’histoire racontée. La durée de vie est très courte, on aura fait le tour de l’aventure en moins d’une heure même si certaines séquences peuvent être refaites plusieurs fois histoire de voir comment évolue le scénario. Forcément, la plupart des critiques sur Steam font bien état de cette médiocre durée de vie à la vue du prix demandé pour l’expérience. Cette histoire est d’ailleurs la première d’une série qui devrait débarquer d’ici quelques mois et le moins que l’on puisse dire c’est que les critiques ne seront pas tendres avec ce jeu.
Malgré tout, le développeur ne cache pas la durée de vie famélique de son jeu dans la description et objectivement je ne vois pas trop de gros problème non plus, on découvre une histoire certes condensée mais intense en émotions qu’elle parvient à dégager. Je ne spoilerais pas l’intrigue mais j’ai parfaitement pu m’identifier aux personnages et me poser quelques questions sur certains comportements identiques que j’ai pu observer chez certaines de mes connaissances. La scène finale est plutôt bien fichue avec un dénouement intéressant même si faire les « bons » choix semble évident dès la première partie.
Certes le prix demandé est un peu élevé mais j’ai bien accroché à cette histoire ainsi qu’à ses protagonistes. Il est d’ailleurs facile de crier à l’arnaque et de dire que les jeux indies à forts relents intellectuels comme 4PM ne sont qu’une simple poudre aux yeux et qu’ils devraient finir en freeware mais la vraie finalité de ce jeu est tout autre, on vit une histoire adulte complexe. On aimerait un jeu complet comme celui-ci avec des relations matures entre les personnages ainsi des thématiques complexes et réalistes, je ne parlerais pas des échecs made in France comme Heavy Rain ou Beyond: Two Souls qui parviennent à être encore moins intéressant que ce 4PM mais en payant le prix fort cette fois-ci.
Parfois il ne suffit de pas de sauver le monde pour se sentir concerné par un jeu mais tout simplement d’affronter des situations de tous les jours avec des conséquences dramatiques palpables. Ce 4PM n’est pas à recommander à tout le monde cependant, il faut aimer les jeux différents et les expériences ludiques quasiment nulles pour en apprécier la moelle substance sans se sentir floué. Ce jeu n’est pas un Stanley Parable-like et encore moins un Gone Home-like, c’est autre chose et c’est tant mieux pour la diversité des jeux vidéo.
Images: