Critique : Wye Oak - Civilian 3

Critique : Wye Oak – Civilian

Wye Oak est un duo américain indie de Folk-Rock constitué par Andy Stack (batterie, claviers, voix) and Jenn Wasner (voix, guitares). Le groupe s’est fait connaitre à l’internationale avec Civilian, le titre éponyme de leur dernier album, qui a été utilisé pour présenter la seconde saison de Walking Dead aux Etats-Unis. Pas mécontent du résultat avec une version éditée du titre en matière de notoriété subite, le groupe s’avère néanmoins être à la fois intéressant et atypique. On est donc assez loin d’un parachutage d’indie pour faire genre. A voir donc si cet album est aussi bon qu’il n’y parait.

Avis:
Avec l’énorme succès de la série Walking Dead et donc du fameux trailer de la seconde saison avec le titre Civilian, il sera très difficile d’être mieux en avant pour Wye Oak. C’est pourtant sans à priori et sans même avoir eu connaissance de l’utilisation de leur titre comme fond sonore que j’ai fait l’acquisition de cet album en CD sur le site officiel du groupe il y a quelques semaines. On peut réellement parler d’un LTTP dans ce cas précis mais bon, on ne peut pas tout connaitre et tout acheter en l’instant T de la sortie de bons albums.

Il faut dire que des duos indie-Folk, ce n’est pas ce qu’il manque en ce moment et que la plupart amusent plus qu’ils n’intéressent. C’est donc en édition 10 titres et non 15 pour l’édition iTunes qui récupère un EP dans la balance que j’ai écouté à maintes reprises. Dès Two Small Deaths on découvre un duo poseur d’ambiances et très inspiré. Relativement monotone, le titre est plus intéressant qu’il n’en a l’air. C’est bien là ce qui fait la force du groupe, au lieu de proposer des titres lents et chiants, ils transforment ca en véritables moments de bravoure. The Altar n’est pas plus flamboyant au niveau du rythme mais il se place, implacablement dans notre tête via cette voix fantomatique, ses arrangements moribonds et ses paroles.

Holy Holy met un peu plus en avant les guitares mais il reste toujours aussi sobre jusqu’à son dénouement, envoutant. Le groupe ne fait pas fondamentalement dans l’original mais il a une âme et surtout un son propre. Dog Eyes sonne une nouvelle fois indie pur mais bien moins folk que prévu. On est vraiment dans un trip rock planant mais désincarné des poncifs habituels du genre. On ne cherche pas ici à vendre du single à la pelle ou à proposer des riffs rageurs et pénétrants, on cherche la surprise, le décalage avec un minimum de moyen mais un maximum d’efficacité. Le titre fait presque le grand écart entre le rock le plus grunge et l’indie façon The Breeders.

Arrive enfin le fabuleux Civilian qui pour le coup fait très folk-rock mais avec une progression implacable et exceptionnelle. Sans avoir écouté la version modifiée ayant servi pour le trailer de Walking Dead je comprends tout à fait le choix de cette chanson qui est tout à fait dans l’esprit voulu par la série. je vous propose donc de l’écouter directement afin de vous faire une idée propre de la qualité du dit titre. Fish est un autre titre particulier de l’album avec une progression implacable et un refrain de premier ordre. Plains est lancinant et utilise avec parcimonie le piano et les claviers pour s’épaissir et décoller. Ce n’est clairement pas le meilleur titre de l’album mais on reste dans l’excellent.

Hot as Day est un autre titre fort de l’album, mélodique, enjoué et surtout remarquablement mis en avant il éclate au grand jour grâce à ses guitares et son refrain. Difficile de résister même si on aurait aimé un peu plus d’emphase sur la section rythmique. We Were Wealth est un titre très lent, limite morphinique tant il nous place dans un état second pour mieux nous emballer sur son final mais sans en rajouter des caisses. Doubt est donc le dernier titre de cet album en version CD qui ne pèse pas lourd en temps d’écoute (39 minutes) mais qui contient de nombreuses perles. Doubt se veut plus émotionnel, moins alambiqué que les autres titres et il y parvient sans trop forcer. On est dans le minimalisme le plus pur et c’est bien ce qui fait la beauté de la chose.

Que dire de plus sur cet album si ce n’est qu’il peut être considéré comme un des meilleurs albums de l’année me concernant même si je l’ai découvert très tard dans l’année. Véritable joyau brut, il se dévoile au grès de nombreuses écoutes et vous laisse pantois pour peu que vous parveniez à faire abstraction du reste. Ce n’est clairement pas un album à écouter en voiture ou en soirée mais une fois dans le bain introspectif, il fait des merveilles et mérite très clairement d’être écouté par le plus grand nombre.